Editorial
LE PR SE RÉCONCILIE AVEC L’EPR
Macron « souhaite », pour mise en service à l’horizon 2035-2050 (et pour réconcilier les Français avec le nucléaire), la construction de six EPR de deuxième génération, l’étude de huit supplémentaires, sans négliger celle des mini-réacteurs (SMR) et autres réacteurs (forcément) « innovants » qui sont encore à l’état de prototypes. L’idée de consulter le gouvernement, les députés ou les sénateurs, voire le peuple, ne lui a apparemment pas traversé l’esprit. Chef de l’État, il est au-dessus de cela ! Comme il est au-dessus de tous les problèmes qui se profilent à l’horizon . . .
L’EPR 2 est en développement, nécessite encore des millions d’heures d’ingénierie et rien n’est arbitré entre sécurité et coût : EDF envisage de rogner sur tout, par exemple, la capacité à résister à la chute d’un avion, ce que l’ASN, le gendarme du nucléaire, n’a pas validé.
L’EPR de Flamanville, référence pour la suite, est si complexe à bâtir que le devis initial a été multiplié par six et le démarrage, prévu en 2012, repoussé à, au mieux, l’an prochain. L’actuelle usine de retraitement de La Hague vieillit et il faudra, pour s’engager dans ce plan, en construire une nouvelle ou ne pas retraiter les déchets, et créer alors une autre poubelle nucléaire comme celle de Bure. EDF (accessoirement endettée jusqu’au cou) a dû mettre à l’arrêt cinq réacteurs pour des problèmes de fissures, et personne ne sait si ce n’est pas tout le parc qui souffre de malfaçons et devrait être ainsi immobilisé. Enfin, le gouvernement veut pour cette année un audit externe sur toute la filière (il est temps !) et a déjà lancé un plan Excell d’amélioration de la qualité des compétences, un plan Juliette de fabrication de pièces tests.
C’est dire combien le PR (Président de la république) prend sa décision à l’aveugle et « quoi qu’il en coûte » : en termes d’argent à dépenser, de capacités à faire, mais aussi de sécurité.